Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Monsieur, tout ce qui cest presenté digne vous estre mandé despuys
2que suys en ces cartiers je lay faict par deux miennes lectres.
3Retreuvant ce messagier si à propoz et asseuré, ne veulx
4failly vous dire monsieur que le camp de monseigneur le
5mareschal Dampville est tousjours au devant de
6Sommieres où despuys dix jours passez, on n’a faict
7aulcune chose que dempescher les ennemys ny myssent
8aucuns secour, ce que navons peu faire. Mercredy passé
9à laulbe du jour, il y entra quelque nombre d’hommes
10passant la rivière près du pont en un endroict où lon
11tenoit pour seur quil estoit impossible que secours leur
12peust arriver par sest endroict là. On na peu ne sceu
13entandre au vray quelle quantité y pourroit estre entrer,
14pour raison estant arrivé le jour, lon a recognu troys
15trouppes des ennemys et prins quelquungs deulx quilz
16disent qu’estant près de la ville beaucoup deulx nont heu
17le cueur d’y entrer. Par les advis qu’avoit monsieur le
18mareschal dans ledit Sommières, ilz estoient en grande
19necessité de pouldres. Chacung de ceulx qui y sont entrez
20pourtoyent ung sac de pouldre pezant six lyvres. Les
21assiegez font semblant de ne nous craindre guère,
22faisant par foys sourties où ilz nont receu guère de
23mal. Mais en bref, les trouppes qui vyennent de Gascoigne
24soubz la charge de monsieur de Saulvignac qui sont
25en nombre de deux milles hommes de moings, lesquelles
26lon attend pour aujourdhuy ou demain pour le plus tard.
27Avecq les bonnes trouppes qui y sont, mondit seigneur le
28refaire bresches et les assaillyr de tant de lieux
30que Dieu aydant ladite ville sera bien toust remize soubz
31lhobeissance de leur magesté, sans y reperdre aultant de
32bon chief et souldatz comme avons faict au dernier assault.
33Par la myenne dernière, vous en escripvoys bien au long de
34ce qui en avoit este passé. Monsieur de Candalle est
35[183 v°] arrivé en ce camp, menant sa compaignie. Despuys deux
36jours les cappiteynes ont faict monstre et receu
37argent. Despuys avant hyer, il ne se parle, ne moings
38faict on estat, en faire aultant à la gendarmerie, dequoy
39en somme bien fachez. Jay esté adverty par la voye
40d’Arles que monsieur de Suze est party pour La
41Rochelle despuys quelque jours en ça. Aujourdhuy,
42monsieur de Bressieu a mandé prandre son lougis et
43ma asseuré son homme quil arrivera demain venant
44d’Arles où il y a faict quelque sesjour. Je desirerois bien
45me voir en moyen pouvoir avoir mon congé et
46m’approucher près de vous pour vous y faire le service
47que j’ay toute ma vye desiré faire. Et lors quil
48vous plaira me honnorer de voz commandementz, daussi
49bonne vollunté m’y employerey, comme sallue vos bonnes
50graces de mes très humbles recommendations, priant Dieu
51vous donner,
52monsieur, en perfecte sangté, très bonne, très longue heureuse
53vye. Du camp de Sommieres, ce dernier jour de febvrier 1573.
54[184] Monsieur, je pencoys que ce pourteur partit plus toust
55qu’il n’a faict et pendant son sesjour en ce cartier, monsieur
56de Savignac est arrive avecq ses trouppes en ce camp et
57de jour mesmes monseigneur le mareschal faisoit battre
58la ville de Sommyères de six canons et de deux collovrynes
59par courtyne et d’ung canon pour abattre des cazemattes
60estant près de la bresche. Du landemain, questoit mercredy
61passé, à heure de mydi, ladite bresche fut recognue et treuvant
62on quelle estoit raisonnable y fut ordonné unzse compaignies pour
63la première poincte. Après ung long combat au plus hault de
64la bresche, ilz se retirarent. Mondit seigneur le mareschal
65commanda monsieur de Savignac marcher droict à la bresche
66avecq huict centz des siens ce quil feit tout aussi toust
67et furent repoulsez comme les aultres. En mesme instant,
68comme le combat de la ville se faisoit, le corronel des Corsses
69donna à la bresche du chasteau et le tout rehussit d’une
70mesme fasson. Il se retreuve beaucoup de blessez et mesmes
71cappiteynes, qui est cause que avecq le maulvays temps
72de pluye quil faict, les soldatz se desbandent du camp.
73Mondit seigneur le mareschal faict estat et resollution ne partyr
74de là devant ladite ville quelle ne soyt remize en l’hobeissance
75du roy. J’ay esté adverty de la prize du Pozin laquelle m’asseure
76vous tient en quelque peyne. Je voudroys estre si heureux notre
77trouppe fust près de vous et vous y pouvoyr faire quelques
78agreables et humbles services et lors que j’aurey ceste
79honneur le me commanderez, treuverez le desyr où je suys vous
80faire pour toute ma vye ce que dessus.