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1Reçue à Grenoble, le 13 mars 1573.
2Monsieur, tout ce qui cest presenté digne vous estre mandé despuys
3que suys en ces cartiers je lay faict par deux miennes lectres.
4Retreuvant ce messagier si à propoz et asseuré, ne veulx
5failly vous dire monsieur que le camp de monseigneur le
6mareschal Dampville est tousjours au devant de
7Sommieres où despuys dix jours passez, on n’a faict
8aulcune chose que dempescher les ennemys ny myssent
9aucuns secour, ce que navons peu faire. Mercredy passé
10à laulbe du jour, il y entra quelque nombre d’hommes
11passant la rivière près du pont en un endroict où lon
12tenoit pour seur quil estoit impossible que secours leur
13peust arriver par sest endroict là. On na peu ne sceu
14entandre au vray quelle quantité y pourroit estre entrer,
15pour raison estant arrivé le jour, lon a recognu troys
16trouppes des ennemys et prins quelquungs deulx quilz
17disent qu’estant près de la ville beaucoup deulx nont heu
18le cueur d’y entrer. Par les advis qu’avoit monsieur le
19mareschal dans ledit Sommières, ilz estoient en grande
20necessité de pouldres. Chacung de ceulx qui y sont entrez
21pourtoyent ung sac de pouldre pezant six lyvres. Les
22assiegez font semblant de ne nous craindre guère,
23faisant par foys sourties où ilz nont receu guère de
24mal. Mais en bref, les trouppes qui vyennent de Gascoigne
25soubz la charge de monsieur de Saulvignac qui sont
26en nombre de deux milles hommes de moings, lesquelles
27lon attend pour aujourdhuy ou demain pour le plus tard.
28Avecq les bonnes trouppes qui y sont, mondit seigneur le
29refaire bresches et les assaillyr de tant de lieux
31que Dieu aydant ladite ville sera bien toust remize soubz
32lhobeissance de leur magesté, sans y reperdre aultant de
33bon chief et souldatz comme avons faict au dernier assault.
34Par la myenne dernière, vous en escripvoys bien au long de
35ce qui en avoit este passé. Monsieur de Candalle est
36[183 v°] arrivé en ce camp, menant sa compaignie. Despuys deux
37jours les cappiteynes ont faict monstre et receu
38argent. Despuys avant hyer, il ne se parle, ne moings
39faict on estat, en faire aultant à la gendarmerie, dequoy
40en somme bien fachez. Jay esté adverty par la voye
41d’Arles que monsieur de Suze est party pour La
42Rochelle despuys quelque jours en ça. Aujourdhuy,
43monsieur de Bressieu a mandé prandre son lougis et
44ma asseuré son homme quil arrivera demain venant
45d’Arles où il y a faict quelque sesjour. Je desirerois bien
46me voir en moyen pouvoir avoir mon congé et
47m’approucher près de vous pour vous y faire le service
48que j’ay toute ma vye desiré faire. Et lors quil
49vous plaira me honnorer de voz commandementz, daussi
50bonne vollunté m’y employerey, comme sallue vos bonnes
51graces de mes très humbles recommendations, priant Dieu
52vous donner,
53monsieur, en perfecte sangté, très bonne, très longue heureuse
54vye. Du camp de Sommieres, ce dernier jour de febvrier 1573.
55[184] Monsieur, je pencoys que ce pourteur partit plus toust
56qu’il n’a faict et pendant son sesjour en ce cartier, monsieur
57de Savignac est arrive avecq ses trouppes en ce camp et
58de jour mesmes monseigneur le mareschal faisoit battre
59la ville de Sommyères de six canons et de deux collovrynes
60par courtyne et d’ung canon pour abattre des cazemattes
61estant près de la bresche. Du landemain, questoit mercredy
62passé, à heure de mydi, ladite bresche fut recognue et treuvant
63on quelle estoit raisonnable y fut ordonné unzse compaignies pour
64la première poincte. Après ung long combat au plus hault de
65la bresche, ilz se retirarent. Mondit seigneur le mareschal
66commanda monsieur de Savignac marcher droict à la bresche
67avecq huict centz des siens ce quil feit tout aussi toust
68et furent repoulsez comme les aultres. En mesme instant,
69comme le combat de la ville se faisoit, le corronel des Corsses
70donna à la bresche du chasteau et le tout rehussit d’une
71mesme fasson. Il se retreuve beaucoup de blessez et mesmes
72cappiteynes, qui est cause que avecq le maulvays temps
73de pluye quil faict, les soldatz se desbandent du camp.
74Mondit seigneur le mareschal faict estat et resollution ne partyr
75de là devant ladite ville quelle ne soyt remize en l’hobeissance
76du roy. J’ay esté adverty de la prize du Pozin laquelle m’asseure
77vous tient en quelque peyne. Je voudroys estre si heureux notre
78trouppe fust près de vous et vous y pouvoyr faire quelques
79agreables et humbles services et lors que j’aurey ceste
80honneur le me commanderez, treuverez le desyr où je suys vous
81faire pour toute ma vye ce que dessus.